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Fabienne Agnès LEVINE
Fabienne Agnès LEVINE
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4 mai 2012

Mon regard sur deux livres récents

 

Jouer, c’est comprendre le monde avec des yeux d’enfants

 

 

Références :

Manifeste pour une enfance heureuse. Carl Honoré, Marabout

Petite métaphysique des jouets, Nicolas Witkovski, La Martinière 

Depuis quelques années, les discours sur l’acte de jouer ne manquent pas car l’époque où le jeu était perçu comme une occupation futile est révolue. Bien au contraire, les jouets et les activités ludiques sont reconnus par les spécialistes d’aujourd’hui comme des supports essentiels des progrès et des  apprentissages. Les jeux de mots qui associent jeu et personnalité,  par exemple « c’est au travers du  jeu, j/e/u que le je, j/e se construit », résument sa place centrale dans le développement psychologique.

Mais quelle manière de jouer valorisent les parents et les professionnels à présent ? Le jeu que l’enfant s’invente tout seul ou celui que l’adulte bien intentionné prévoit pour lui ? Les deux livres présentés ici mettent en second plan le volontarisme de l’adulte qui s’empare du jeu comme outil d’apprentissage au profit de l’activité enfantine spontanée. Le journaliste Carl Honoré a écrit un énergique « Manifeste pour une enfance heureuse » au sous-titre polémique « Halte aux emplois du temps surchargés et à la course aux performances ! » ; le physicien Nicolas Witkowski est l’auteur d’une délicieuse « Petite métaphysique des jouets » au sous-titre rêveur « Eloge de l’intuition enfantine ».

 livres

Les deux auteurs abordent l’enfance sous l’angle du temps, le temps de surmenage pour l’un et le temps d’attention soutenue pour l’autre. Carl Honoré fait la chasse aux activités imposées par des adultes « hyperparents » qu’il appelle aussi « parents hélicoptères », du fait qu’ils planent en permanence au dessus de leurs enfants pour les protéger. Nicolas Witkowski s’émerveille devant la démarche passionnée et méthodique de l’enfant dès lors qu’il choisit ses propres centres d’intérêts. Il prend des exemples dans le passé et dans l’enfance de grands scientifiques.

Deux brillantes démonstrations que le temps passé à rêver, à s’ennuyer, à attendre, à interroger, à observer, à chercher, à deviner, à inventer est aussi du temps générateur de désirs et de découvertes. Lorsque suffisamment de temps libre se présente à l’horizon, l’enfant est obligé de puiser dans ses ressources personnelles plutôt que s’engager dans des activités plus subies que choisies. Lorsque rien de spécial ne se passe, l’enfant cesse d’attendre des solutions toutes faites et met en route un processus créatif qui se rapproche du comportement scientifique.

Ces points de vue rejoignent les résultats des travaux en psychologie du développement qui depuis plus de vingt ans font du bébé un chercheur en herbe, certains spécialistes n’hésitant pas à utiliser l’expression de « bébé physicien » pour décrire son comportement méthodique d'explorateur et de découvreur. Cette démarche créative et constructive de l’enfant, mise en valeur par les deux auteurs, n'est-elle pas tout simplement le plaisir de jouer et la liberté de s’exprimer ? 

Le rôle de l'adulte, parent ou professionnel, serait donc surtout de partager avec les tout-petits leur capacité d'émerveillement, d'accueillir avec bienveillance leurs trouvailles et de permettre au jeu d'exister.

Comprendre le monde avec des yeux d'enfants, ça demande donc un effort, oui mais surtout à l'adulte

 

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